Maintien de l'Aide Médicale de l’État : nous devons tous nous en réjouir !
Le 7 novembre dernier, dans le cadre de l’examen du projet de loi « immigration », le Sénat votait la suppression de l’Aide Médicale de l’État au profit d’une Aide Médicale d’Urgence. Son rétablissement le 29 novembre par l’Assemblée nationale est un grand soulagement. En effet, la proposition du Sénat aurait eu de graves conséquences sur la santé de l’ensemble de la population et sur notre système de soins déjà en crise.
Publié le 30/11/2023
L’Aide Médicale de l’État (AME) est un dispositif permettant aux étrangers en situation irrégulière de bénéficier d’un accès aux soins, sous certaines conditions. La prise en charge des soins est limitée aux tarifs de base de la Sécurité sociale, pouvant entraîner un reste à charge, et avec des restrictions concernant certains actes médicaux.
Le Sénat proposait de remplacer l’AME par une Aide Médicale d’Urgence (AMU), qui aurait limité davantage les soins couverts. Cette décision avait fait réagir vivement les associations de malades et d’usagers, des professionnels de santé, des directeurs d’hôpitaux et même le ministre de la Santé. L’AFPric vous explique pourquoi cette décision a été très critiquée et en quoi elle nous concernait tous.
Dans une interview à France 24 publiée le 9 novembre, le Dr Matthias Wargon, chef de service des urgences et du SMUR de l’hôpital Delafontaine à Saint-Denis, expliquait concrètement l’incidence de la suppression de l’AME sur l’ensemble de la population : « Les migrants se soignent déjà moins que les autres. Avec cette mesure, ils attendraient le dernier moment pour consulter et on se retrouverait avec des maladies très avancées. Il faut imaginer que ces étrangers sont déjà sur le territoire. Ils vous livrent vos colis, cuisinent dans vos restaurants, et vous vendent des légumes au marché. Tous ces gens, si on ne les soigne pas tôt, ils sont susceptibles d’attraper une maladie contagieuse et de vous la transmettre. »
Autre conséquence si l’AME avait été supprimée : un afflux supplémentaire de patients dans les services d’urgences, lesquels sont déjà saturés. Pour Aurélien Rousseau, ministre de la Santé, « il faut que les médecins de ville restent dans la boucle de la prise en charge de ces personnes et qu’on ne renvoie pas tout sur l’hôpital, au risque de le mettre en grande difficulté » (interview publiée le 15 novembre par Public Sénat). En effet, le principe d’une Aide Médicale d’Urgence reviendrait à attendre que des pathologies se dégradent pour ne les soigner que lorsqu’elles deviennent dangereuses pour le patient et nécessitent des soins conséquents. Or, les hôpitaux sont déjà en grande difficulté avec un manque de soignants, des professionnels épuisés, amenés à en faire toujours plus avec moins de moyens. Le système de santé pourrait s’effondrer.
C’est ce que craignaient 3 000 soignants signataires d’une tribune dans le journal Le Monde du 2 novembre : « La remise en cause de l’AME ferait courir un risque majeur de désorganisation du système de santé, d’aggravation des conditions de travail des soignants et de surcoûts financiers importants ». D’autant que son remplacement par l’Aide Médicale d’Urgence n’est pas justifié par des raisons économiques. En effet, le coût de l’AME représente seulement 0,4 % des dépenses de santé alors que sa suppression entrainerait des retards de diagnostics et in fine des soins bien plus coûteux.
Les associations de malades via France Assos santé, dont l’AFPric est membre, avaient également réagi au vote des sénateurs : « Au-delà des questions de santé publique, des motifs financiers et essentiels qui vont tous dans le sens du maintien de l’AME, ce dispositif est également une mesure humaniste qui permet de soigner des personnes en situation de précarité financière et sociale, qui ont pour beaucoup des parcours de vie difficiles et parfois même traumatisants. Nous rappelons également que bon nombre de ces personnes participent à l’effort national en travaillant avec des cotisations et contributions, sans pour autant bénéficier du statut d’assuré social. »
La commission des lois de l’Assemblée nationale a rejeté la suppression de l’AME. Nous nous en réjouissons. Il faut cependant rester vigilant jusqu’au vote du texte définitif de la loi : des amendements visant à son remplacement par une Aide Médicale d’Urgence pourraient être déposés. Restons tous mobilisés.
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