Polyarthrite et spondyloarthrites : du nouveau dans la prise en charge des soins dentaires !

Cette maladie parodontale est une inflammation chronique de la gencive qui s’accompagne d’une résorption des tissus de soutien des dents, de l’os alvéolaire et du système d’attachement entre ces structures. Elle est due à la colonisation des dents par des bactéries accumulées sous forme de plaque dentaire et de tartre. Non traitée, elle peut entrainer un déchaussement puis la perte des dents.

Certaines maladies augmentent le risque de développer une parodontite. C’est le cas de la polyarthrite rhumatoïde et des spondyloarthrites, en raison de leur terrain inflammatoire commun avec la parodontite.

Réciproquement, les bactéries et les médiateurs pro-inflammatoires libérés au cours des maladies parodontales peuvent favoriser l’apparition, le déséquilibre et/ou l’aggravation des RIC. Les bactéries parodontales passent dans la circulation sanguine et se disséminent vers d’autres organes, et les médiateurs entretiennent une inflammation « de bas grade » généralisée.

Les bactéries parodontales pathogènes joueraient même un rôle dans le processus de citrullination des protéines, conduisant à la production des fameux auto-anticorps anti-CCP (ou ACPA), présents chez 90 % des patients atteints de polyarthrite rhumatoïde ! De même, la parodontite semble être associée à une sévérité plus grande des spondyloarthrites.

Les maladies parodontales doivent donc être systématiquement recherchées chez les patients atteints de polyarthrite et de spondyloarthrite. Leur prise en charge, au-delà de maintenir la santé bucco-dentaire, est aussi essentielle pour prévenir les complications ou l’exacerbation de ces maladies.

La prise en charge comporte :

– Des mesures préventives : détartrages réguliers chez le dentiste, hygiène bucco-dentaire rigoureuse, éviction des facteurs de risque (tabac, hyperglycémie) ;

– Des soins de la parodontite diagnostiquée et des autres manifestations bucco-dentaires (caries, bouche sèche…), avec, avant tout geste invasif, la prescription d’antibiotiques et une éventuelle modification de la posologie des biomédicaments ou une suspension temporaire de ces derniers.

Jusque l’année dernière, seuls les patients atteints de diabète en ALD (affection de longue durée) bénéficiaient de cette prise en charge. Désormais, près de 6 millions de Français en ALD bénéficient d’une prise en charge à 100 % par l’Assurance maladie de leur traitement parodontal, c’est-à-dire du bilan parodontal de dépistage et des soins d’assainissement parodontal (détartrage et surfaçage radiculaire).

Les 6 ALD concernées sont les suivantes :

– ALD 5 : insuffisance cardiaque/troubles du rythme/cardiopathies valvulaires ou congénitales graves

– ALD 7 : déficit immunitaire primitif/infection par le VIH

– ALD 8 : diabètes de type 1 et 2

– ALD 13 : maladie coronaire

– ALD 22 : polyarthrite rhumatoïde

– ALD 27 : spondyloarthrite grave

Cette mesure vise à rendre les soins parodontaux accessibles à tous les patients concernés, indépendamment de leurs moyens financiers.

–> L’AFP^ric se réjouit de cette avancée dans la prise en charge des soins des patients atteints de polyarthrite rhumatoïde et de spondyloarthrites !

Pour aller + loin :

. Dossier « Objectif Prévention : Interrelations entre traitement parodontal et affections longue durée », Janvier 2025, rédigé par l’UFSBD (Union française pour la santé bucco-dentaire) et la SFPIO (Société française de parodontologie et d’implantologie orale)

. Dossier « Liens entre état de santé parodontale et pathologies systémiques », Janvier 2025, rédigé par la SFPIO (Société française de parodontologie et d’implantologie orale)