Ni irresponsables, ni coupables !
« Envolée des arrêts maladies », « surconsommation de médicaments », « dépenses de confort et de facilité », « déresponsabilisation » … : cet été, les malades ont été mis au banc des accusés par plusieurs ministres qui projettent notamment une hausse des franchises médicales sur les boîtes de médicaments.
Publié le 31/08/23
La dernière déclaration en date est celle de la Première ministre Élisabeth Borne le 23 août sur France Bleu : le doublement de la franchise médicale « fait partie des pistes » afin de faire des économies sur le budget 2024 de la Sécurité sociale. Elle estime qu’il faut responsabiliser chacun sur la consommation de médicaments.
Ces propos sont vécus comme des accusations par les personnes ayant des problèmes de santé. Être atteint d’une maladie, qu’elle soit aigüe ou chronique, n’est pas un choix. Les malades ne devraient pas se sentir coupables de recourir au système de protection sociale.
Si la maladie chronique impacte parfois fortement la vie quotidienne, elle a également de nombreuses répercussions sur le plan financier : elle contraint souvent à réduire voire stopper son activité professionnelle et rend encore plus difficile l’accès à un emploi. De plus, alors qu’elles sont majoritairement confrontées à une baisse de leurs revenus, les personnes atteintes d’une maladie chronique ont des frais de santé importants car le dispositif de l’ALD (Affection de longue durée) ne prend pas en charge toutes leurs dépenses de santé.
À titre d’exemples dans les rhumatismes inflammatoires chroniques, les soins dentaires, les soins de pédicurie-podologie, les consultations de diététique ou avec un psychologue, les crèmes hydratantes pour les personnes atteintes d’un syndrome de Sjögren ou encore les aides techniques pour faciliter le quotidien des personnes qui ont des difficultés de préhension du fait de leur polyarthrite rhumatoïde pèsent lourd dans le budget des malades.
Dans une enquête menée par l’AFPric en 2019(1), 38 % des répondants (524 personnes) indiquaient avoir eu à leur charge des dépenses de santé de plus de 300 euros au cours des 12 derniers mois, en lien avec leur rhumatisme inflammatoire chronique. 31 % avaient même renoncé à des soins pour des raisons financières.
À l’AFPric, nous sommes indignés par certains propos qui accusent indirectement les malades de coûter cher à la société pour des soins non indispensables. Nous dénonçons ce projet visant à augmenter les franchises médicales ainsi que la participation forfaitaire sur les consultations et les examens médicaux.
Car même si la Première ministre déclare vouloir « protéger à la fois les personnes très vulnérables, très modestes et aussi les patients qui auraient des affections de longue durée ou chroniques », nous craignons que cette mesure accroisse encore les difficultés d’accès aux soins.
Nous demandons des mesures efficaces pour améliorer l’accès à des soins de qualité pour tous, réduire les délais d’attente pour obtenir un rendez-vous médical ou encore lutter contre les pénuries de médicaments. Car ces situations sont responsables de véritables pertes de chances pour les malades, dont les pathologies peuvent se compliquer et nécessiter ensuite des soins plus importants, lesquels vont engendrer des dépenses plus élevées pour notre système de santé.
Cela devrait être une priorité pour nos dirigeants.
Sources :
(1) Enquête de l’Association Française des Polyarthritiques et des rhumatismes inflammatoires chroniques (AFPric) sur le renoncement aux soins, novembre 2019.
(2) Enquête de l’Union Fédérale des Consommateurs sur la hausse des complémentaires santé, UFC-Que Choisir, janvier 2023.